On purge bébé

Théâtre

Salle Lino Ventura

" Les joies de la famille sont si délicates qu'il faut être seul pour bien les apprécier " Feydeau

© Caroline Moreau

M. Follavoine, un fabricant de porcelaine, a invité à déjeuner, dans son appartement, un client de marque : Chouilloux, fonctionnaire influent du Ministère des armées qui doit statuer sur l'acquisition par l'Armée française de pots de chambre destinés aux soldats. Il espère emporter le marché, ayant mis au point un système de pots présumés incassables.

Pour mettre toutes les chances de son côté, il a invité également Mme Chouilloux et son amant, Horace Truchet. L'infortune conjugale de Chouilloux est en effet de notoriété publique, seul ce dernier ignore la trahison.

Mais un événement fâcheux va contrarier les plans de Follavoine. Sa femme, Julie, encore en bigoudis et robe de chambre, vient le trouver dans son bureau pour se plaindre des caprices de leur fils Hervé, dit Toto : ce dernier, qui "n'a pas été" ce matin-là, refuse obstinément d'avaler le purgatif qu'on lui destine.

Chouilloux arrive sur ces entrefaites et s'efforce de jouer les conciliateurs, lui-même ayant été soigné naguère pour "constipation relâchée"... mais pas du même type.

Tout va se liguer contre Follavoine. Deux pots de chambre lancés à titre d'essai dans le couloir pour impressionner son client vont se briser en mille morceaux. Sa femme excédée par l'attitude peu coopérative du visiteur va le traiter publiquement de cocu. L'arrivée intempestive de Mme Chouilloux et de son amant mettra le comble à la confusion.

Follavoine, à bout de nerfs, quitte la maison, laissant en affectueux tête-à-tête sa femme et son fils, qui n'a toujours pas pris sa purge.

La mise en scène d'Emeline Bayart (qui excelle en Julie Follavoine) est d'une gaité pétillante et dynamique et les comédiens s'en donnent à cœur joie ! - La Terrasse

Note d'intention

À travers le huis clos infernal, la comédie de mœurs irrésistible, je souhaite révéler (entre la porcelaine qui explose et les couples qui volent en éclat), la frénésie des corps, des cœurs et des âmes au bord de la crise de nerfs. Je souhaite pousser le curseur de l’humour à son paroxysme en réintégrant un usage qui s’est perdu depuis 1864 : les couplets chantés dans les vaudevilles. En effet, lorsque les différents protagonistes cessent de dialoguer au risque de s’entretuer, j’ouvre une sorte d’antichambre métaphorique à travers laquelle ils peuvent exulter au public, par le biais de la chanson, tout ce qu’ils ne peuvent pas dire à l’autre. Forte de mon expérience de comédienne-chanteuse et des récitals que j’ai créés notamment à l’Opéra- Comique, j’ai exhumé des perles de la chanson française, écrites autour de l’époque de Feydeau afin qu’il n’y ait pas de discontinuité de registre de langage. Ces pépites chantées, placées à propos révèlent ainsi l’inconscient des personnages, inconscient qui se révèle délicieux, grinçant, parfois cruel mais jamais dénué d’humour poétique. La musique occupe donc une place importante, parfois elle va jusqu’à faire vibrer les personnages au sommet de leur folie et peut ainsi rappeler l’univers expressionniste de certains films muets.

Et pour donner le « La », voici un avant-goût de la température des comédiens sur notre scène sans mauvaise grippe ni vilain covid: « Parce qu’il faut se dire que ce sont des tragédies à l’envers, parce qu’il faut avoir la respiration de ça, il faut avoir le diaphragme de ça, il faut avoir la chaleur de ça, il faut avoir la fièvre de ça, il ne faut pas jouer ça ayant 37,2°C mais 38,9°C, il faut se dire que la catastrophe est imminente à chaque moment. » Alain Feydeau (petit-fils de Feydeau), comédien, dans Violaine Heyraud et Ariane Martinez, Le Vaudeville à la scène.

Émeline Bayart

 

Une pièce de Georges Feydeau
Avec : Émeline Bayart, Éric Prat, Manuel Le Lièvre, Valentine Alaqui, Thomas Ribière, Mariana Montoya Yepes, Manuel Peskine (Piano)
Mise en scène : Émeline Bayart
Dramaturgie : Violaine Heyraud
Assistant mise en scène : Quentin Amiot
Scénographie et costumes Charlotte Villermet
Construction du décor Jean Paul Dewynter, Théo Jouffroy
Peinture Jean Paul Dewynter, Dorothée Dupla
Photographie de la toile et de la Tour Eiffel Louis Dewynter
Couturière Sylvie Barra, Stéphanie Mode

Prix Laurent Terzieff - Meilleure production d'un théâtre privé - Prix du syndicat de la critique 2021

Durée : 1h20 
Plein tarif : 24 € - Tarif réduit : 19 € - Groupe : 16 €
Location à partir du lundi 10 janvier
Crédit photo : Caroline Moreau

Mentions

Production déléguée En Votre Compagnie -
Coproduction Théâtre Montansier / Versailles, Théâtre Firmin-Gémier – La Piscine,
En Votre Compagnie, Théâtre de l’Atelier
Avec l’aide de la Région Ile-de-France
Avec le soutien de l’Espace Sorano, SPEDIDAM et ADAMI
Avec la participation artistique du Studio d’Asnières-ESCA
Création du 2 au 4 octobre 2020 au Théâtre Montansier / Versailles

 

 

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